Regard tendu, attentif au « presque rien », aux incidents passagers, mes instantanés captent une espèce de beauté qui n’apparaît qu’à la condition qu’on observe la nature et la vie dans ce qu’elles ont d’irréductiblement fragile et éphémère. Cette attention, qu’on peut dire minimaliste, est peut-être la manière la plus apte à mettre en évidence la dimension vitale du paysage.
Le domaine de Kerguéhennec a une forte dimension autarcique ; une nature à priori « sauvage » côtoie des cultures, un parc ou encore un arboretum. C’est une « île » où j’ai été captif d’un périmètre, une forme de quarantaine imposée par les seuils du domaine, un prisonnier volontaire donc.
En s’arrêtant sur les indices des mutations récentes des paysages, j’ai voulu témoigner de la difficulté qui est la nôtre de nommer ces espaces où s’entremêlent urbanité et ruralité, et au sujet desquels on se demande s’il est encore pertinent de parler de « nature » ou de « campagne ».
De même, à travers les saisons, j’ai tenté de révéler, de septembre 2011 à septembre 2012, les usages de ce territoire physique et fictif (tourisme, promenade, agriculture, art, etc.) dans ses dimensions sociales, politiques et environnementales.
Avec le soutien du Domaine de Kerguéhennec et du conseil général du Morbihan.