Au tout début, c’était comme tous les projets, précis mais un peu évasif parce que l’on ne sait jamais comment tout va évoluer dés lors qu’on est sur le terrain. Ma proposition était simple : définir les frontières du parc national des Calanques, y déceler d’éventuelles tensions et frottements entre le parc lui-même et ses usagers…
La première frontière était évidente, la limite territoriale, mais au fur et à mesure de mes rencontres avec, entre autre, les « gardiens » du parc et ses habitants, de nombreuses autres, dont certaines insoupçonnables à mes yeux sont rapidement apparues.
Mon regard de photographe, en premier lieu légèrement naïf, vis à vis de ce lieu, est devenu critique, peu à peu, et le journal que j’ai écris s’est construit sur mes errances, mes pérégrinations au sein de ce fantastique paysage car en effet, chaque matin, je m’efforçais de raconter mes « aventures », de décrire ce qui était devenu une sorte d’enquête.
Ces deux formes de récits, le premier photographique et le deuxième écrit, se télescopent mais, en aucun cas, les images ne sont des illustrations du journal ; chacun est complémentaire de l’autre, chaque signe est un élément subjectif qui renvoie à la pensée et au regard.
Ma manière de regarder ce monde s’est modifiée depuis ce séjour.
Être artiste c’est sans doute vouloir montrer autrement, en tous cas on essaie de le faire, en étant engagé parfois, de manière poétique, politique ou même géographique, de faire voir LE point de vue, la situation et le paysage, mental, conscient ou inconscient, et celui physique, auquel on ne peut rien, comme ces rochers âpres que j’adore, ceux du massif des calanques. Alors je me suis attaché à le faire, d’une manière intime aussi, dans ce modeste opus que je vous présente ici (version hiver) mais sans le texte que vous pourrez trouver dans le livre édité chez Loco Editions.
Avec le soutien du Parc national des Calanques, de la Fondation Camargo, de l’Institut Pythéas et de la fondation Carasso.