Liverpool, a hard day’s night.
J’aime profondément cette île, l’Angleterre et particulièrement Leeds, Manchester et Liverpool. Ce jour d’août où je suis arrivé dans le centre-ville de Liverpool a été un grand bonheur. Je ne connaissais que de nom cette ville. Elle a pour point commun avec Nantes d’avoir été l’un des plus grands ports négriers d’Europe, mais cela est le passé.
La première chose que je fais, lorsque j’arrive dans une ville inconnue, c’est acheter une carte.
Je suis ici pour une quinzaine de jours. Je commence toujours par arpenter le centre-ville puis je choisis une direction, au hasard, et dérive. Je me retrouve là pour faire des images, invité par Polly M.
Je suis ici un touriste mais ne me considère pas comme tel. Je ne suis que peu allé dans des musées ou monuments, j’ai préféré aller dans des pubs, des gares, des rues, des quartiers, des magasins, des parcs, des cimetières…
Je suis ici pour produire des images comme à mon habitude. Je me retrouve dans un immense appartement avec vue sur la mer au nord de Liverpool, à Waterloo. Lorsque je regarde de la fenêtre de la cuisine, j’aperçois au loin dans un jardin, la cabine téléphonique du Dr Who ; je souris, je suis bien en Angleterre.
Donc j’ai pris un « bevy » (comprenez un drink) et j’ai parlé toute la soirée avec les liverpudliens qui m’ont raconté leurs vies et leurs villes. J’ai sorti la carte et il me l’ont annotée.
Je me suis fini dans un « fish and chips » et quel plaisir. Il y a une poésie inhérente à chaque ville, une « musique » et dans celle-ci je me suis retrouvé happé. Le berceau des Beatles, Liverpool, et dire que je l’ignorais…
J’ai donc commencé à traverser la ville de long en large commençant par le centre-ville. On peut y voir de magnifiques architectures, mais aussi des « verrues » à commencer par un gigantesque espace commercial nommé le « Liverpool One ». Si vous allez à Liverpool pour faire vos courses, pas de problème, vous trouverez tout ce que vous voulez. Ce que j’ai toujours trouvé étrange en Angleterre c’est l’opulence des centres, en terme de commerces, de galeries marchandes, alors que dès que l’on s’éloigne un tant soi peu de ces endroits, la vie réelle reprend le dessus. Il y a quelque chose de l’ordre de la fiction dans ces centres villes du nord de l’Angleterre.
Les premiers « vrais » quartiers que j’ai traversés se nomment Everton et Anfield. Dès que l’on s’éloigne du centre, on sent la pauvreté et la dureté de la vie. Ce qu’il y a de plus impressionnant, c’est le nombre de maisons et de bâtiments abandonnés, dont certains magnifiques comme d’anciennes casernes de pompiers ou la bibliothèque d’Everton par exemple. Lorsque l’on commence à marcher et que la ville se déplie devant nous, on peut comprendre ce qu’est réellement cet espace ; c’est cela qui m’intéresse, à travers les rues, les architectures et surtout les habitants qui la peuplent.
Dans ces rues abandonnés, je me suis fait arrêter par la police ; ils m’ont juste dit de faire attention à moi. Mais sinon, ce sont des quartiers populaires riches de vie où les gens sont aimables, de mon point de vue.
Bref, j’ai traversé de nombreux quartiers comme celui de « Toxteth », le quartier noir et musulman. En Angleterre, les clivages et les communautés sont beaucoup plus forts qu’en France. C’est toujours étonnant de traverser un quartier où l’on se retrouve en situation de « minorité » et où l’on est « regardé » car personne ne fait cela. J’ai discuté avec des enfants qui jouaient au foot…
Il y a à Liverpool une profusion de parcs tous plus magnifiques les uns que les autres ; j’aime aussi beaucoup toutes ces couleurs, la couleur de la brique particulièrement, tous ces rouges et ces oranges qui se côtoient ; en photographie c’est extrêmement graphique.
Le seul quartier où je suis allé accompagné est « Norris Green » où des gangs sévissent ; j’ai rencontré un homme formidable qui s’occupe d’un centre pour les enfants et les ados ; c’est un essai d’éloignement des gangs et cet endroit est riche d’activité en tout genre. Ce lieu a été totalement rénové récemment grâce à une émission de téléréalité, et pour une fois, j’ai trouvé un sens à ces émissions. C’est comme la culture en Angleterre, ils ont eu l’intelligence de la faire financer en grande partie par la loterie nationale ; à chaque fois que l’on achète un ticket, un pourcentage va à l’art ! Je dis bravo !
La seule chose que je pourrais vous dire, c’est que j’aime profondément cette ville et qu’elle me manque ! Allez-y et faites votre propre « Liverpool » car à l’instar de la psychogéographie, chaque personne trace ses propres chemins dans la ville.